Saïed a-t-il ''investi'' dans la crise?
Midi Show de ce vendredi 27 mai 2022, a ouvert le débat sur la capacité du président de la République, Kais Saïed, de gérer le Dialogue national et préparer une nouvelle Constitution susceptible de sortir le pays de sa crise.
Rabah Kheraïfi, chercheur en Droit constitutionnel, a assuré qu’il était pour le recours à l’article 80 de la Constitution; car le chaos au niveau des institutions de l’Etat avait atteint un niveau maximal. "Il était impossible de mettre un terme à cette situation, sauf en unifiant tous les pouvoirs aux mains du président de la République", a-t-il dit.
Il a ajouté que le danger imminent consistait; en fait, dans l’Assemblée des représentants du peuple qui a dévié de ses missions législatives. Il était devenu un réel danger sur l’Etat et un lieu de violence. L’article 80 a été imposé pour réunifier l’Etat et le sauver.
Kheraïfi a toutefois noté qu’il n’est possible de parler d’une nouvelle Constitution, qu’après l’obtention d’un "oui" au référendum.
Le chercheur a rappelé aussi que la Tunisie vivait un conflit entre les têtes du pouvoir exécutif (gouvernement et présidence). Chacun essayait d’échapper de la responsabilité causant un ralentissement au niveau des institutions de l’Etat.
De son côté, Chaima Aïssa, représentante de «Citoyens contre le coup d’Etat» a déclaré que celui qui parlait d’un risque de division au sein de l’Etat, devrait savoir que l'Etat est désormais divisé à cause des mesures du 25 juillet.
Elle a considéré que le président de la République est au pouvoir depuis 2019 et qu'il a suivi toutes les crises. "Il était capable d’arrêter l’hémorragie, depuis le début mais il a choisi d’investir dans la crise du coronavirus. Il n’est pas intervenu pour amener les doses de vaccin et il n'a commencé à le faire que la nuit du 26 juillet, dans un objectif clair", selon elle.
Aïssa a estimé que le passage à l’action du président de la République était prémédité. "Auparavant, il était capable de proposer des projets de lois au Parlement et non pas décider son gel et puis sa dissolution. Il a aussi participé au blocage de l’installation de la Cour constitutionnelle, à plusieurs reprises".
L’invitée de Midi Show a estimé aussi que la situation actuelle est considérée comme une "humiliation pour les Tunisiens et pour la classe politique". "Le chef de l’Etat a imposé le flou et il a exclu tous les partis tout en diabolisant ses adversaires", a-t-elle ajouté.
La représentante de l’initiative a assuré que connaît la Tunisie, ne peut pas être résolue par le président de la République. "Il faut opter pour un dialogue qui réunisse toutes les parties et en poursuivant en justice les personnes qui ont commis des crimes contre le pays. Il faut pour la Tunisie une politique de réconciliation. Les choix du président mènent à la crise", a-elle conclu.
Pour sa part, le directeur de l’Institut de Tunis de la politique, Ahmed Driss, a assuré qu’il s'exprimer sur la base qu'on accepte le recours à l’article 80 de la Constitution.
"Si on met chacun face à ses responsabilités, le président serait le premier à être poursuivi pour ses choix des chefs des gouvernements".
Il a expliqué que Kais Saïed a préparé toutes les conditions pour provoquer la crise. "Ceci permettait son intervention pour qu’il apparaisse en tant que sauveur du peuple. Il a réussi à devenir plus populaire pour prendre ses décisions. Mais il ne peut pas cacher le fait qu’il est le premier responsable de cette crise".
Driss s’est demandé pourquoi en dix mois, il n’y a eu aucun changement."Il est au pouvoir mais il n’a rien fait. Ses mains sont-elles liées ou voulait-il continuer à investir dans cette crise"?